Assises de Namur : “On a exécuté mon frère”, estime la sœur de Nico Becker
“On m’a pris mon fils et je n’ai même pas su lui dire au revoir”, a confié la mère de la victime à la cour.
- Publié le 17-04-2024 à 16h04
- Mis à jour le 17-04-2024 à 16h17
Les proches de Nico Becker ont été entendus mercredi après-midi, dans le cadre du procès en assises de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen, qui doivent répondre de l’assassinat de Nico Becker et d’incendie volontaire.
Le corps de Nico Becker a été retrouvé dans sa camionnette, qui avait été incendiée, le 8 août 2022 à Lonzée. Gaëtan Legros, tenancier d’une friterie de la région a reconnu avoir tiré à 2 reprises sur la victime, qu’il accusait de vouloir le racketter. Il a été aidé par Alix Verbruggen pour évacuer le corps. Tous deux nient avoir prémédité la mort de Becker.
Nico Becker est né à Namur en 2001. Sa famille vivait à Ham-sur-Sambre, ses parents étaient forains et il avait 2 sœurs. Celles-ci évoquent une enfance heureuse, lors desquelles les enfants n’ont manqué de rien. Le cursus scolaire de Nico a été compliqué, tout comme son parcours professionnel. Il a exercé des petits boulots et étudiait pour présenter le permis camion. Il vivait avec ses parents. Il est décrit comme intelligent, discret, méfiant, loyal, franc, sincère, proche de sa famille. Il n’était pas bagarreur, attachait de l’importance à son apparence et exprimait sa joie de vivre.
Marina Verstraeten, la mère de la victime, s’est présentée à la barre. Elle a prévenu la police de Gembloux le 9 août 2022 vers 2h du matin car elle était sans nouvelles de son fils de 21 ans avec qui elle était habituellement en contact permanent. “Il ne coupait jamais son téléphone. On n’avait pas de nouvelles, on a appelé les hôpitaux, je pensais à un accident. Je n’avais rien remarqué de spécial le concernant avant les faits. Ce jour-là, il m’a dit qu’il allait à un barbecue chez des gens bien, c’est comme cela qu’il parlait de Gaëtan Legros qu’il côtoyait depuis un mois. Même avant qu’il soit identifié, nous étions persuadés que c’était lui.”
La témoin précise que Nico n’aimait pas l’école. “Il y allait tous les jours, mais n’aimait pas. En secondaire, cela n’a pas fonctionné. Il cherchait sa voie, est passé par l’horeca, a un peu travaillé et étudiait pour le permis semi-remorque. Il voulait travailler seul et faisait des petits travaux de peinture ou de jardinage. Il avait des principes, ne supportait pas la drogue. Il n’avait pas de diplôme mais était très intelligent et voulait travailler dans le transport. Ses amis devaient gagner sa confiance, il était loyal, mais il ne fallait pas le trahir. Il était parfois méfiant. Il a toujours fréquenté des gens plus âgés que lui. Il n’a jamais eu de problèmes avec la police. Mon mari ne s’est pas remis de la mort de Nico.”
Questionnée par le président Warnon au sujet de la réputation de la famille Becker dans la région de Gembloux, la témoin déclare : “Le papa de Nico ne voulait pas qu’il fréquente le reste de la famille car ce sont des bagarreurs. On ne juge pas quelqu’un sur le nom de famille.” Et de conclure : “On m’a pris mon fils et je n’ai même pas su lui dire au revoir.”
Alicia et Marissa, les sœurs aînées de la victime, ont lu un courrier à la cour : “Nico était la mascotte du restaurant où nous allions avec la famille quand il était petit. Il adorait les chiens. Il a fait du foot et du karaté. Il était serviable et généreux. Il aimait la politesse et la justice, aidait avec beaucoup de respect les personnes plus âgées. Le respect était important pour lui et l’image qu’il dégageait était primordiale. C’était un jeune homme plein de vie. Aujourd’hui, il nous manque, pour sa joie de vivre, il aimait sa famille et ses amis. Nous avons perdu notre frère et devons continuer notre vie sans lui. Il manque à tout le monde. Nous sommes fiers de notre nom de famille, malgré la réputation du nom Becker. Nous nous sommes toujours montrés dignes et respectueux.”
Marissa Becker a conclu son témoignage ainsi : “Pour moi, on a exécuté mon frère”.
Josette Jassogne, la grand-mère maternelle de Nico Becker, a ensuite été interrogée. “Il était serviable avec tout le monde, ne voulait rien me laisser porter. Il venait me voir tous les jours pour s’assurer que tout allait bien. Il n’aimait pas l’école et voulait travailler dans le transport. Il aimait aller promener son chien, aller à la pêche. L’aînée de la famille était déjà décédée à l’âge d’un an, cela a été un fameux coup pour nous. Aujourd’hui, il faut penser aux petits enfants et aller de l’avant. C’est dur mais il faut le faire.”
Jeudi, d’autres témoins de personnalité de Nico Becker seront entendus, tout comme le psychiatre qui a procédé à l’examen mental des accusés.